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Tout a commencé par la lecture des articles du Dr F. Sikner dans Numismatique et Change en 1998 [1] puis de son étude parue en 2000 et révisée en 2011 [2]. Un article de F.Droulers traitant de l'aspect historique de ces monnaies a également été publié en 1999 dans ce même magazine [3].

 

Un certain nombre de variétés de coins avaient été identifiées pour la 5 Francs Cérès sans légende 1870 K et 1871 K. Ce nombre limité laissait penser qu'il serait assez simple de les réunir mais nous nous sommes vite aperçus qu'il en existait de nombreuses autres. Identification facilitée par l'étude des monnaies sur photos numériques plutôt qu'à la loupe comme cela se faisait il n'y a pas encore si longtemps.

 

Par la suite nus nous sommes intéressés aux pièces de 2 Francs du même type, qui présentent également la même richesse de variétés.

 

L'objectif de ce site est de répertorier l'ensemble des coins utilisés et de permettre aux collectionneurs d'identifier les pièces en leur possession.

 

Historique

Suite aux premiers revers face à la Prusse il a été décidé de fermer la Monnaie de Strasbourg et d'autoriser Henri-Archange Delebecque, alors directeur de la fabrication de cette Monnaie, à continuer ses activités en réouvrant la Monnaie de Bordeaux [4].

Dès le 29 août 1870 il a été demandé à Désiré-Albert Barre (Graveur général de la Monnaie de Paris) de "préparer d'urgence 20 paires de coins de chacune des natures de pièces suivantes: 20c, 5F argent, 2c, 1c, 10c et 5c portant la lettre monétaire de Bordeaux et le différent de M. Delebecque" sans préciser la date d'expédition [4].

 

Afin de remplacer les pièces frappées à l'effigie de l'empereur défait à Sedan il fut décidé le 8 septembre par le Gouvernement de la Défense nationale, proclamé le 4 septembre 1870, d'utiliser l'avers du type Cérès 1848 et le revers aux lauriers du type Louis Philippe. A noter pour la 5 Francs que le premier type de revers, utilisé de 1831 à 1843, a été choisi (grènetis large de 132 points) plutôt que le second type utilisé de 1844 à 1848 (grènetis étroit de 140 points).

 

Ce choix n'est certainement pas dû au hasard mais plutôt lié à une question d'esthétique afin d'avoir un grènetis du revers s'approchant le plus de celui de l'avers.

Ces premiers coins fabriqués à la Monnaie de Paris et transportés le 11 et 12 septembre 1870 par les fonctionnaires assignés à Bordeaux [9], ont permis de commencer la frappe des 5 Francs le 4 octobre 1870 puis des  2 Francs le 10 octobre 1870.

 

Il est mentionné dans l'article de F.Droulers [3] que ces coins ont été transportés par Gambetta le 7 octobre 1870, mais cette date ne concorde pas avec les documents d'archive, cette expédition par ballon donne un coté romanesque à la fabrication de ces pièces mais aucun document d'archive qui en atteste n'a été retrouvé.

Ces coins ont finis par se briser et, ne pouvant plus être fournis du fait du siège de Paris, de nouveaux coins ont été fabriqués à Bordeaux, avec comme principales différences la typographie de la signature à l'avers (pour les 5 Francs) et le différent de Marchais (une étoile dans laquelle est placée la lettre M) à la place de l'ancre de Barre au revers, coins utilisés à partir du 10 novembre 1870 pour la 5 Francs [6].

Cérès Bordeaux Paris

 

Fabrication des coins

Le processus de fabrication des coins, schématisé et simplifié ci-dessous, permet une uniformité des pièces de monnaies frappées.

Capture d’écran 2018-08-09 à 16.19.59.pn

La diversité des variétés de coins fabriqués à Bordeaux laisse penser qu'un autre processus a été suivi pour leur fabrication. Une indication de Delebecque concernant le temps de fabrication réduit peut donner des pistes sur le procédé utilisé à Bordeaux [7], confirmé par le fait qu'aucune matrice de reproduction n'a été réalisée à Bordeaux [8].

 

Il est fort probable que les coins étaient produits individuellement à partir de poinçons pour chaque élément (tête de Cérès, lettres de légende, étoile…) comme schématisé ci-après.

Capture d’écran 2018-08-09 à 15.31.47.pn

 

Ces poinçons ont été recrées à Bordeaux à partir des coins encore intacts fournis par Paris comme en atteste un courrier du Commissaire des Monnaies: "Il n’a pas été fait de matrice, un ancien coin de Mr Barre ayant servi à la confection du poinçon." [8]

photo fab coins.jpg

De plus, il est possible de voir sur les monnaies des indices confirmant ce mode de fabrication, tel que le point en relief dans l'oreille à l'avers, et entre le A et le N au revers, permettant de centrer les poinçons sur le coin; ainsi que le cercle en relief afin de positionner les points du grènetis. Ces éléments de fabrication sont visibles sur des matrices de travail (voir celles exposées au musée de la Monnaie de Paris) mais "effacés" ensuite afin ne pas apparaître sur les coins servant à frapper les pièces de monnaies.

Cérès Bordeaux
Cérès Bordeaux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Références

[1] Numismatique et Change n°283 (mai 1998), 284 (juin 1998) et 285 (juillet-août 1998)

[2] La Cinq Francs Cérès sans légende - Dr François Sikner (2000, 2011)

[3] Numismatique et Change n°295 (juin 1999)

[4] Centre des archives économiques et financières, Fonds d'archives de la Monnaie de Paris, série O2/28-30

[5] Centre des archives économiques et financières, Fonds d'archives de la Monnaie de Paris, série Y

[6] Archives départementales de la Gironde, Fonds de l'Hôtel des Monnaies de Bordeaux, série 7P/130

[7] Centre des archives économiques et financières, Procès verbaux des séances du Conseil des finances (25 septembre 1870-12 février 1871) - 1E-0000040/1

[8] Centre des archives économiques et financières, Fonds d'archives de la Monnaie de Paris, série F9

[9] Centre des archives économiques et financières, Fonds d'archives de la Monnaie de Paris, série X

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